En CM1, j’avais une amoureuse.

Et par “amoureuse”, j’entends une fille dont je ne savais rien.

Je connaissais à peine sa voix, je ne savais pas si elle aimait les chats ou les chiens, ni même si elle lisait la saga des “Chair de poule” comme moi. Mais dans mon cerveau de 9 ans, ces détails n’avaient aucune importance.

Elle s’appelait Morgane.

Et Morgane avait tout pour elle.

Enfin, surtout deux critères essentiels pour un enfant de primaire :

1. Un joli prénom (très important à cet âge-là, ne me demande pas pourquoi).

2. Elle m’avait dit bonjour une fois au début de l’année.

C’était suffisant pour que je m’invente une vie avec elle.

Dans ma tête, c’était déjà plié :

• On allait se marier.

• Avoir trois enfants (deux garçons, une fille, évidemment).

• Et surtout, une maison avec une piscine et un cinéma.

Bref, c’était une évidence.

Jusqu’au jour où j’ai découvert le pire piège social de l’enfance :

Posée par un groupe de camarades, cette question était un guet-apens. Mais moi, naïf et honnête, j’ai répondu sans réfléchir :

ERREUR FATALE.

Aussitôt, les traîtres sont partis en courant pour répandre la nouvelle. En moins de trois minutes, toute la classe était au courant.

Et le pire dans tout ça ? Morgane l’a appris aussi…

Elle m’a regardé comme si j’étais une chaussette sale retrouvée sous son lit. Elle m’a fui. Elle a commencé à éviter mon regard, à s’éloigner dès que j’étais dans le périmètre. Si elle avait eu un spray anti-moustique spécial "gosse pas populaire", elle l’aurait utilisé.

Bref.

À cet instant précis, j’ai compris une vérité fondamentale sur la vie :

👉 Être sincère en public peut être mortel.

C’est ce jour-là que j’ai découvert l’existence d’un compagnon invisible qui ne m’a plus jamais quitté :

Ce Toutou des Relations, il est là pour une seule chose : me protéger du rejet social.

Parce qu’après l’Incident Morgane, il a bien enregistré la leçon :

• Ne sois pas trop honnête en public.

• Ne montre pas trop ce que tu ressens.

• Fais attention à ce que tu dis, parce que les autres peuvent s’en servir contre toi.

Et il n’a plus jamais arrêté d’aboyer dans mon oreille.

Et le pire dans tout ça ? Ce Toutou ne disparaît jamais.

Il grandit avec nous. Il devient plus rusé. Il n’aboie plus juste quand on parle de nos “amoureuses/amoureux” en primaire. Il s’invite dans des trucs beaucoup plus sérieux :

Le Toutou des Relations, c’est ce mécanisme qui nous fait tout calculer en fonction du regard des autres.

Alors là tu dois te demander : Mais pourquoi on a ça en nous ? Pourquoi est-ce qu’on est programmé pour avoir un toutou hyper stressé dans notre tête ?

Alors en fait…

Petit retour en arrière *bruitage de bobine de film*

Si notre Toutou existe, ce n’est pas un bug dans la matrice, c’est une fonctionnalité ancestrale.

Petit Flashback 50 000 ans en arrière : en pleine Préhistoire.

Ton ancêtre (voire peut-être mon ancêtre aussi, on est peut-être cousin), un homo sapiens brave comme il faut, vit dans une tribu de chasseurs-cueilleurs.

Et à cette époque, se faire rejeter par le groupe, c’est une condamnation à mort.

Pas de tribu = pas de nourriture, pas de protection, pas de feu pour se réchauffer. Et pas de palais… pas de palais (par pitié dis-moi que t’as la réf). 

Donc, pour survivre, nos ancêtres avaient un instinct ultra-développé : plaire à la tribu à tout prix.

Et on l’a déjà vu dans certaines de mes vidéos (le gars égocentrique au possible). Mais les scientifiques ont déjà prouvé que cette peur du rejet est câblée dans notre cerveau :

• Le rejet social active les mêmes zones du cerveau que la douleur physique.

• Notre cerveau est programmé pour rechercher l’approbation des autres comme une récompense.

Donc, quand on est accepté par un groupe, notre cerveau libère de la dopamine (l’hormone du plaisir).

Bref, notre Toutou des Relations est une vieille relique de la Préhistoire. À l’époque, il servait à ne pas se faire virer de la tribu.

Mais aujourd’hui, on n’est plus dans une grotte à regarder un feu et espérer que le Big boss des chasseurs va nous apprécier assez pour nous laisser avoir un bout de mammouth.

Et le problème… c’est que notre Toutou ne le sait pas.

Et donc, il nous bloque de plus en plus

Petit à petit, ce Toutou prend le contrôle. Il nous empêche de nous exprimer, d’essayer, de nous différencier.

Et le pire, c’est qu’il nous fait croire que c’est pour notre bien.

Sauf qu’à force de l’écouter, on finit par s’effacer nous-mêmes. Parfois même, on est prêt à nier l’évidence juste pour se conformer au groupe. Ce qui signifie qu’on peut abandonner nos propres opinions, nos propres envies, juste pour ne pas être différent.

Et c’est là que le Toutou devient un problème.

Parce qu’à force de le suivre aveuglément, on finit par regretter ce qu’on n’a pas osé faire.

Et donc, il est temps de calmer ton Toutou

Parce que si tu continues de l’écouter sans réfléchir, il va te faire rater plein d’opportunités.

Alors là, bonne nouvelle : on peut s’en occuper.

Et c’est exactement ce qu’on va voir ici.

Parce que oui : un chien, ça peut être adorable. Loyal, attachant, protecteur.

Mais un chien mal éduqué, c’est une autre histoire.

Un chien mal dressé t’empêche de marcher en paix, il te tire en laisse dans tous les sens, il aboie sur tous les pauvres runners qui viennent nourrir leur strava.

Bref, c’est un gros relou. 

Et ton Toutou des Relations, c’est exactement le même. Il tire sur la laisse dès que tu veux tenter quelque chose de différent.

Et surtout, il te fait croire que c’est normal.

Si tu veux reprendre le contrôle, tu ne peux pas juste lui dire de se taire.

Il va falloir le dresser.

Et ça commence par…

1. Regarder où ton Toutou te pourrit la vie

Tu ne peux pas dresser un chien si tu ne sais pas où il fout la merde.

La première chose à faire, c’est trouver dans quel domaine ton Toutou aboie le plus fort.

1.1 Identifier les domaines où il te bloque

Regarde bien ta vie. Dans quels moments tu ressens cette peur du regard des autres ?

Peut-être que ton Toutou est particulièrement actif dans ta façon de parler.

• Tu fais hyper attention à chaque phrase que tu dis, pour être sûr de ne froisser personne.

• Tu hésites avant de donner ton avis, de peur qu’on te trouve idiot.

• Tu suranalyses chaque interaction sociale, te demandant si tu as dit un truc de travers.

Ou alors, il se manifeste dans ton apparence.

• Tu choisis tes vêtements en fonction de ce qui est "safe", plutôt que de ce qui te plaît vraiment.

• Tu passes trop de temps à te demander si tu es "présentable" aux yeux des autres.

Et puis il y a les choix de vie.

• Peut-être que tu as pris un job "stable" plutôt que celui qui t’attirait vraiment, parce que "ça fait sérieux lors des repas de famille".

• Peut-être que tu restes dans une relation qui ne te satisfait pas, parce que lâcher l’affaire serait mal vu.

• Peut-être que tu t’empêches d’essayer un projet, juste parce que tu as peur de l’échec public.

Ton Toutou n’aboie pas partout de la même façon.

Mais il y a forcément un ou deux endroits où il est intenable.

Et c’est là-dessus qu’on va bosser.

1.2 Pourquoi c’est important de repérer ces blocages ?

Logique : parce que tant que tu ne sais pas où il t’empêche d’avancer, tu ne peux pas le calmer.

Si tu ne sais pas quelles décisions dans ta vie sont influencées par la peur, alors toutes tes décisions sont influencées par la peur.

On ne combat pas un ennemi invisible. Même dans Dark souls 2.

Alors prends le temps de lister précisément les situations où ton Toutou aboie.

2. Comprendre que ton Toutou est un mauvais conseiller

Ton Toutou est persuadé qu’il t’aide et il pense que son rôle, c’est de te protéger.

Mais en vrai, c’est un GPS qu’on pourrait qualifier : d’éclaté.

Parce que déjà, ton Toutou confond l’inconfort et le danger.

Il pense que :

• Dire une bêtise en public = catastrophe sociale.

• Être mal habillé une fois = exclusion immédiate.

• Lancer un projet qui ne marche pas = ruine et humiliation.

Sauf que rien de tout ça n’est vrai.

Tu crois que les gens se souviennent de toutes les conneries que tu as faites ?

Car OUI, c’est le cas.

Bon ok stop les blagues : NON, personne ne s’en souvient.

Étant donné qu’eux aussi ont un Toutou qui les rend parano.

Tout le monde est trop occupé à penser à soi-même pour stocker tes moments de gêne.

Et en réalité, dans beaucoup de cas : ton Toutou t’a empêché de faire un truc parce qu’il t’a sorti un scénario catastrophe digne d’un Tarantino.

Mais soyons honnêtes. Combien de fois ces scénarios se sont vraiment produits ?

La réalité, c’est que 95% des peurs du Toutou sont infondées.

Et tant que tu ne l’auras pas testé, il continuera à aboyer comme si tout était une question de vie ou de mort.

Ce qui va nous amener aussi à voir quelque chose d’essentiel :

3. Le face-à-face

Tu ne dresseras jamais ton Toutou en restant dans ta tête.

Il faut lui prouver qu’il a tort.

Et la seule façon de le faire, c’est de le faire…

Via l’Exposition Progressive.

• Dis un truc que tu penses sans le filtrer 10 000 fois.

• Porte une tenue qui te plaît, même si elle sort un peu de ce que tu portes habituellement.

• Publie ce projet, même imparfait.

Tu veux qu’il arrête d’aboyer ? Expose-le à ses peurs. Mets-lui sa dose, mais à petite dose pour commencer.

Et rien qu’avec ces petites expositions, tu commenceras à te rendre compte que la plupart des choses qui t’angoissent dans les cadres sociaux sont complètement fictives.

Puis aussi garde en tête que :

4. On va mourir bientôt (oui, c’est triste)

Tout ça, ces peurs, ces jugements, ces hésitations…

Dans quelques décennies, plus personne ne s’en souviendra.

Ni toi, ni moi, ni personne.

On est une poussière dans un univers immense. Et je sais bien que je ne frôle pas les hauts niveaux de la philosophie en émettant cette vérité générale, qui ferait soupirer n’importe quel individu avec un QI supérieur à 90.

Mais pourtant, même si on le sait, on passe notre temps à se retenir.

Si tu veux une seule raison rationnelle de calmer ton Toutou quand il s’agit d’oser des actions qui, finalement, n’auront aucune conséquence négative pour autrui, ni pour toi, c’est celle-ci : tu n’as qu’une seule vie.

Et tu peux soit la passer à espérer que les autres t’aiment, soit la passer à être toi-même.

Et en comprenant tout ça, non seulement tu vas dresser ton Toutou, mais aussi apprendre à le remercier.

Il a été maladroit, mais toujours là pour toi. Maintenant c’est ton devoir de lui montrer que tu vas suivre ta propre voie.

Conclusion :

Ton Toutou ne disparaîtra jamais complètement. C’est un fait.

Mais maintenant, tu sais.

Tu sais que ses peurs sont bidon. Tu sais que tu n’as rien à prouver à personne dans la plupart des contextes sociaux.

Le monde n’est pas une scène où tu dois quémander l’approbation des autres.

C’est un terrain de jeu, une page blanche, un espace où tu peux être qui tu veux.

Ton véritable toi n’a qu’une seule vie.

Et il est temps de lui donner sa chance de la vivre.

C bo sekejdis.

Pour approfondir : 

1. Thomas Gilovich, Cornell University – "The Spotlight Effect in Social Judgment: An Egocentric Bias in Estimates of the Salience of One’s Own Actions"

2. Naomi Eisenberger, UCLA – "Does Rejection Hurt? An fMRI Study of Social Exclusion"

3. Solomon Asch, 1951 – "Effects of Group Pressure Upon the Modification and Distortion of Judgments"

POINT FAQ :

⚠️ Chaque newsletter, je prendrai une question au hasard sur Instagram et j'y répondrai ici. Cependant, attention : plus la question sera vague et imprécise, plus ma réponse le sera aussi. ⚠️

Question : 

Réponse : 

Actuellement je tourne autour des 2700-2800 kcal par jour pour :

• 4 séances en salle à la sauce Laganne

• 3 séances de Course à pied

• 1 à 2 séances de prépa spé. pour une Spartan race et un Hyrox à venir

Je vais tenir cette programmation jusqu’à Mai environ. Puis je me concentrerai sur la course à pied pour préparer le Trail du Mont Fuji.

Le reste de l’année ça dépend de mes cycles d’entraînement.

Mais globalement je reste quasi toujours en maintien. Le plus important c’est d’avoir l’énergie de m’entrainer et de progresser. Puis surtout de conserver un physique bien sec et esthétique en toute circonstance.

Dit autrement :

• En hiver je suis inexistant sous le pull oversize.

• En été c’est mon moment.

La bonne journée,

Laganne